LES CARNETS DE ROUTE

SUR LA ROUTE...  |  LES REVIEWS  |  LES INTERVIEWS

> retour sommaire

Ansatz der Maschine
30/05/2009
Sixen Vlas Vegas Festival - Kortrijk (B)

Si l’on s’en tient au son et rien qu’au son, difficile de dire que le collectif à géométrie variable répondant au nom de Ansatz der Maschine est originaire de Belgique, de Kortrijk plus exactement. 

Projet porté par un seul homme, l’ingénieur du son Mathijs Bertel, ce Commencement de la Machine a deux albums à son actif en 5 ans d’existence (The Postman is a Girl et Painting Bad Weather on her Body parus tous deux sur Vlas Vegas Records, respectivement en 2006 et 2008). Plutôt metteur en sons que compositeur, le jeune Belge concentre ses efforts sur la déstructuration-restructuration de sonorités acoustiques, pour développer une musique, certes cérébrale et complexe, en même temps que d’une grande simplicité, au sens le plus noble du terme.

En live, le groupe se compose, selon les titres interprétés, de 4 à 7 musiciens, tous multi-instrumentistes, qui passent de la batterie aux claviers, de la guitare au saxophone, avec une aisance et une fluidité remarquables, et cela sans jamais tomber dans la démonstration. Au plus fort du set, durant l’impressionnant Kohn Denny, ce sont rien moins que 3 saxophones, 1 batterie, 1 guitare, 1 clavier et 1 cor d’harmonie qui complètent et habillent les assemblages électro-acoustiques du maître d’œuvre.

Si l’on excepte l’excellent Connect the Dots, et son texte parlé-chanté, Ansatz der Maschine propose une musique instrumentale, aux influences diverses, qui n’hésite pas à mettre en contact la chaleur organique des instruments à vent et les textures digitales les plus glaciales, à faire se rencontrer la légèreté de tonalités venues d’Orient et les structures sonores massives qui ne sont pas sans rappeler l’essence du post-rock. Quelque part entre Godspeed You Black Emperor !, Sigur Ros, Brian Eno, Philip Glass et Mike Oldfield (quand il était encore un musicien inspiré et non pas un clown-clone de sa propre ombre, tout juste bon à cachetonner dans les tournées Night of the Proms), la formation Belge déploie un son ample et généreux, qui invite au songe et à la rêverie, à la découverte aussi, la découverte de l’autre, de l’ailleurs…

Le public, remarquablement attentif (rappelons qu’il s’agit d’un festival gratuit !), ne s’y trompe pas et réserve une chaleureuse ovation à Mathijs Bertel et les siens à l’issue des quelques cinquante minutes qu’aura duré la prestation. Après coup, on a beau chercher un point négatif, une critique même mineure, une simple remarque à formuler pour contrebalancer l’enthousiasme, on ne voit vraiment rien à redire. Ou plutôt si : c’était beaucoup trop court !

Olivier Bodart


> voir les photos