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Sunset Rubdown
28/09/2009
L'Aéronef - Lille (F)

Cette saison 2009-2010 coïncidant à la fois avec le 20ème anniversaire du lieu sans gravité bien connu des Lillois et l’entrée en action effective de la nouvelle équipe dirigeante, emmenée par Patrice Budzinski, l’ex-programmateur du Grand Mix, tous les regards (et toutes les ouïes surtout !) étaient braqués sur les tours Euralille, le 28 septembre dernier, pour le décollage de notre Aéronef fraîchement rezingué.

Qui dit soirée d’ouverture dit généralement petites attentions particulières à l’égard du public. On commence donc pas la grande salle, en configuration gradins assis, pour suivre la conférence de rentrée animée par Alexandre Mélis, le nouveau secrétaire général. Au menu : une présentation détaillée du programme du 1er trimestre et des nouveautés qui accompagnent forcément l’arrivée de sang neuf au sein de l’équipe. Et des nouveautés, il y en a beaucoup ! parmi lesquelles on retiendra essentiellement la volonté affirmée d’établir une ligne de programmation plus cohérente, ainsi que l’annonce de la refonte intégrale du site Internet de la salle (lequel site, par parenthèses, en avait bien besoin).

Une petite heure plus tard, on effectue un crochet par la cour de façade où a été dressée une sorte de yourte avec tout ce qu’il faut à l’intérieur pour se sustenter (merci William !). Un verre de punch, quelques chips, toasts et mises en bouche… bref, de quoi passer un agréable moment et, pourquoi pas, engager la conversation avec ceux que l’on a croisé des dizaines, des centaines de fois déjà, dans les salles de concerts de la région, les conventions du disque rares, les rayons des disquaires du centre ville…

Le ventre plein, le c½ur léger, on prend ensuite la direction du nouvel espace baptisé Aéroclub, dont la jauge (+- 200 personnes) autorise une programmation très pointue, comme c’est le cas ce soir, puisque ce sont les Canadiens de Sunset Rubdown qui se sont vus chargés de couper le ruban. 

L’entrée en scène du quintet s’opère en toute discrétion, manière de signifier que c’est laSunset Rubdown musique, plus que ceux qui la font, qui importe vraiment. Même si les Montréalais sont proches de la fin de leur périple sur le vieux continent, la tension est palpable, notamment chez Camilla Wynne Ingr et Spencer Krug. Pourtant, le parterre est bien garni et semble très enclin à manifester son enthousiasme.

Les premières notes qui coulent des enceintes résonnent instantanément comme un démenti cinglant à tout ce qui a pu être dit et écrit quant à la qualité très moyenne voire médiocre du son servi par l’Aéronef. Ce soir, le mixage est simplement parfait : précis, clair, juste et d’une profondeur telle que cet Aéroclub paraît bien plus vaste qu’il ne l’est en réalité. L’ingénieur du son, très doué cela ne fait aucun doute, s’offrira même le luxe de quelques effets stéréo particulièrement réussis. Le set de lumières s’est également étoffé et permet désormais de travailler des éclairages plus nuancés qu’auparavant ; le technicien aux manettes parviendra ainsi à créer une jolie atmosphère, en totale adéquation avec les compositions présentées.

Mettant logiquement l’accent, sans excès toutefois, sur Dragonslayer, son dernier et excellent opus, Sunset Rubdown puise toutefois dans chacune des productions discographiques qui constituent son répertoire. Au fil d’une prestation de près de 90 minutes, le groupe décline son identité musicale avec une application méticuleuse, qui pourrait passer pour de la froideur ou de la distance, mais qui relève plus vraisemblablement d’un sens aigu de la justesse et de la précision. Ce n’est que vers la fin du set que Camilla Wynne Ingr et Spencer Krug se dérideront quelque peu, lorsqu’ils évoqueront l’après-midi qu’ils ont passé à Lille, poursuivis par une dangereuse horde de lanceurs de marrons ! Les 3 autres membres de la formation resteront quant à eux imperturbables et très concentrés sur leurs instruments respectifs jusqu’à la sortie de scène.

Sunset Rubdown s’octroie un (véritable) rappel et conclut son set sur la promesse d’un retour prochain à Lille, si nous le permettons toutefois, ce à quoi le public comblé répondra évidemment par l’affirmative.

En espérant que les nouvelles dispositions techniques et le souffle inattendu de convivialité qui a glissé sur l’Aéronef en première partie de soirée ne soient qu’un avant-goût de cette nouvelle saison !

Olivier Bodart


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