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Metronomy
01/04/2009
Le Grand Mix - Tourcoing (F)

Seconde visite en métropole Lilloise en moins de six mois pour le trio électro-pop qui monte, et un Grand Mix bien garni pour accueillir ceux que l’on présente comme les ambassadeurs de l’ère numérique.

Réputés pour leur scénographie très élaborée, Joseph Mount, Oscar Cash & Gabriel Stebbing, tous trois vêtus d’un tee-shirt noir pourvu d’une lampe ronde au niveau de la poitrine qui s’allume et s’éteint au toucher, s’avancent néanmoins sans effet d’annonce, en toute discrétion presque, alors que les lumières de la salle sont toujours allumées. Les trois garçons prennent place face à leurs installations respectives disposées en front de scène et lancent sans attendre l’introduction de Holiday, surprenant ainsi une bonne part du public qui s’attendait sans doute à une entrée plus théâtrale.

Assez étonnamment, l’entame du set paraît un peu poussive, malgré le choix d’un titre particulièrement énergique, sur CD du moins ― peut-être est-ce dû au son qui n’est pas parfait durant les premières minutes ? Le groupe reprend toutefois très vite les choses en main, dès On the Motorway, instrumental imparable qui convoque à la fois le sens de la mélodie de Brian Eno période Another Green World et la rythmique entêtante des Kraftwerk au meilleur de leur forme. On pourrait penser qu’un tel titre arrive un peu tôt dans la setlist, mais en fait non, il vient même à point nommé pour lancer une machine un peu lente au démarrage.

Metronomy

Par la suite, le trio déroulera le fil d’une prestation ultra-réglée, suivant un schéma bien connu. Une première moitié du show est dédiée à Nights Out, leur second album sorti à l’été 2008 et tout récemment re-packagé par Karl Lagerfeld (!) en version Deluxe (!!). S’ensuit un bref intermède d’une dizaine de minutes qui voit le groupe revisiter son tout premier album, bien moins connu celui-là. Et, enfin, la seconde moitié du concert fait la part belle aux titres les plus catchy de Nights Out, ceux pour lesquels l’immense majorité des spectateurs est venue, avec l’excellent Radio Ladio en final.

Entre enchaînements à la fraction de seconde et chorégraphies au millimètre (lesquelles chorégraphies, disons-le franchement, flirtent dangereusement avec le mauvais goût qui était l’apanage des boys band dans les années 80-90), le groupe ne marque aucun temps mort. C’est là une évidence : il faut qu’à chaque instant il se passe quelque chose, que chaque seconde qui s’écoule soit remplie de son ! Dans ces conditions, on comprend sans peine que la place laissée à l’improvisation se voit réduite à sa portion congrue. Malheureusement, cette quête quasi-obsessionnelle de paramétrage de la scène a un effet pervers : la spontanéité et la sincérité en prennent un sérieux coup, jusqu’à faire défaut parfois. Ainsi, à maintes reprises, le spectateur a davantage l’impression d’assister à une représentation de pantomime, voire à un spectacle de marionnettes, qu’à un concert de musique vivante.

En une petite heure rappels compris, l’affaire est entendue. Le public semble majoritairement comblé mais n’en demande pas plus.

Au final, les uns diront qu’il s’agissait d’un set équilibré et très efficace, tandis que les autres penseront que c’était une prestation sans surprise et sans âme… et personne n’aura tout à fait tort ni vraiment raison ! Ce qui est sûr, en revanche, c’est que les 3 Metronomy font montre d’un professionnalisme sans failles et que leur rapport à la scène justifie à merveille le patronyme qu’ils se sont choisi, car il est difficile d’imaginer performance plus métronomique, pour ne pas dire robotique.

Olivier Bodart


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