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LES INTERVIEWS

07/12/2004 : NAIFU
Par e-mail - Bruxelles (B)
Interview réalisée par Dominique PIERARD

Le "Nothing To Sell" tour, leur récente mini tournée bruxelloise, aura fait passer NAIFU dans quatre salles, dans des conditions et devant autant de publics très différents.  A l’issue de ces quelques dates, étalées sur les mois d’octobre et novembre 2004, quelques questions furent envoyées au groupe pour essayer d’en savoir un tout petit peu plus sur lui.  En voici l’humble résultat, que nous avons essayé d’illustrer adéquatement.

Pourquoi ce nom NAIFU : est ce à cause de la sonorité du mot ou bien de l'image de l'objet auquel il renvoie ?
Raphaël (Rastelli) :
A cause de l'idée d'acculturation auquel il renvoie.  Il s'agit d'un mot japonais issu d'un mot anglais (knife), réécrit en caractère latin (méthode kana japonaise) et utilisé par un groupe belge - pays où vivent essentiellement des francophones et néerlandophones - et, en conséquence, prononcé un peu n'importe comment par n'importe qui.  Il n'y a pas ici la dictature d'une prononciation correcte anglaise comme certains présentateurs radio essaient vainement de le faire.  On reste tous un peu plus humble et, en même temps libéré, devant un mot dont on ne connaît à priori ni la signification, ni la bonne prononciation, même si, au fond, ça ne paraît pas - et n'est pas - compliqué.  Aussi, le couteau est un ustensile tellement banal et essentiel : quel être humain n'a pas au moins un couteau ou quelque chose de similaire ?  C'est vraiment le premier outil que n'importe qui emporterait sur une île déserte.  Il est quasi indispensable à la survie de l'homme et, parallèlement, il peut servir à tuer.  Un tel double sens (double tranchant !) ne pouvait que nous séduire : musicalement les choses sont plus complexes/violentes que leur apparente simplicité/douceur ... à moins que ce ne soit l'inverse.

Quelle influence la culture asiatique (japonaise en particulier) exerce-t-elle sur NAIFU ?
Raphaël (Rastelli) :
On aime bien le Japon.  Avec les USA et l'Europe, c'est le troisième monde à la pointe du développement et, en même temps, le plus différent des deux autres.  C'est un pays fascinant et perçu de manière très caricaturale chez nous, c'est pourtant un excellent contre-pied à la culture anglo-saxonne : même dans un manga basique, il est difficile de dire qui est le "bon" et qui est le "méchant", en fait, le "bon" a toujours une part de "méchant" et vice-versa.  Cette absence de manichéisme, ce côté flou et relativiste des valeurs est très rafraîchissant et nous correspond bien.  Par ailleurs, ce n'est pas pour cela qu'on adhère aveuglément à l'aspect profondément fataliste et conformiste que peut avoir la société japonaise (proverbe : "le clou qui dépasse appelle le coup de marteau").

Sur votre première démo, il y a ce titre "Kuro Wa Hito Ni Tsukimono" avec une intervention téléphonique finale en japonais par une voix féminine.  Quelles en sont les signification et origine et parles-tu (Dominique) toi-même le Japonais ?
Raphaël (Rastelli) :
En parlant de fatalisme japonais, c'est un proverbe qui signifie "la douleur est la compagne de l'homme".  Ca nous rappelle notre fragilité et l'illusion du bonheur obligé, qui semble une valeur tellement mise en avant dans la culture occidentale moderne, l'obligatoire "happy end" du cinéma et de la publicité.  Ici, si tu as de la peine tu es un loser, au Japon, tu sais que la peine fera inévitablement partie de ta vie.

De quoi est fait le monde de NAIFU et de quoi traitent vos chansons en général ?  Les paroles semblent en être très décalées !

Dominique (Vancap) :
Des titres comme "The Pony" et "At Least, Buy Me A Hamster" évoquent des souvenirs d'enfance, les petites lâchetés des adultes, le manque d'affection que l'on cherche à combler en achetant des animaux de compagnie.  Un autre thème, c'est la violence conjugale.  "You Are So Full Of Hate, Love" parle des sentiments extrêmes d'un couple, des moments fusionnels aux passages à tabac.  Mais je te rassure tout de suite, même si ce thème est récurent (cfr "Violet"), il n'est absolument pas autobiographique.  Par contre, je m'identifie pleinement au personnage de "The Butterfly Collection" : si je devais apprendre que la personne que j'aime a un penchant pour la taxidermie, je ne pourrais m'empêcher de ressentir une grande méfiance à son égard !  Quant aux paroles décalées, j'ai du mal à donner une réponse objective.  J'essaye juste d'éviter les clichés du genre "baby you look allright, I wanna shag you all night".

naifu @ Le Gué (27/02/2004) - © Thomas Bartosik - www.rarefish.be

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

naifu@Le Gué (27/02/2004)
© Thomas Bartosik - www.rarefish.be

Raphaël est l'unique guitariste du groupe : est-ce une nécessité, un choix ?
Raphaël (Rastelli) :
Dans tous les groupes dans lesquels j'ai joué auparavant, il y avait deux guitaristes.  Ca m'a toujours semblé naturel et puis, en commençant naifu, on s'est vite rendu compte que l'alchimie à quatre était parfaite.  Humainement et musicalement, il n'était pas nécessaire de chercher plus loin et de se compliquer la vie.  Ca m'oblige à assurer plus au lieu de me reposer sur un deuxième guitariste mais c'est aussi plus facile pour laisser une place naturelle à chacun(e) : la basse est ainsi plus libre pour développer un espace mélodique propre par exemple.

Comment vous partagez-vous la composition des titres : Raphaël fait toute la musique et Dominique les paroles, et quelle est la part de la section rythmique ?
Raphaël (Rastelli) :
En fait, c'est un peu plus compliqué.  A la base, j'apporte mes parties de guitare et une idée générale de comment je vois évoluer le morceau.  Ensuite, sur ce canevas, chacune apporte sa partie et la structure finale est mise au point ensemble en tenant compte du chant.  A tous les stades, y compris dans l'acceptation de ce que j'apporte au départ, tout le monde a son mot à dire et "droit de veto" sur ce que chacun fait.  Il n'est pas non plus écrit que, de manière immuable, c'est moi qui doive apporter la base des morceaux, mais bon, jusqu'ici, elles me laissent faire.

La pochette de votre deuxième démo est une oeuvre percutante (intitulée … "Drama sangriento en la plazuela de Tarasquillo.  Asesinato de la Malaguena") de JOSE GUADALUPE POSADA (lithographe mexicain, 1851 - 1913). Qu'est-ce qui vous inspire chez lui et quelle est la connection avec NAIFU ?

Raphaël (Rastelli) :


 

 

 

 

 

 

 

 

 

© naifu - http://naifu.free.fr

Il n'y a pas de connection particulière.  C'est toutefois un artiste attachant car simple illustrateur plus ou moins engagé politiquement.  Son oeuvre n'est que le fruit de la commande (de journaux principalement) et de l'actualité, pas d'une recherche d'un "statut" d'artiste avec un grand A.  L'illustration qu'on a utilisée pour la pochette est d'ailleurs celle d'un fait divers de l'époque (fin XIXe siècle).  C'est une image intrigante parce qu'on y voit un acte très violent (une femme en abat une autre d'un coup de pistolet à bout portant) qui implique deux femmes ... et pas des hommes auxquels ce genre de scène est plus normalement associée.  En plus, une certaine élégance féminine s'en dégage : les vêtements, le maintien de celle qui tire et de celle qui tombe ...  Le cliché de l'idéal féminin de douceur, chaleur, soumission, passivité ... mis brutalement en porte-à-faux dans un acte violent et froid.  C'est à ce niveau que cette image est la plus percutante, pas tellement dans le meurtre lui-même.

NAIFU semble aimer les insectes (cfr les titres "Three Ladybirds And A Big Cockroach", "The Butterfly Collection") et les animaux (cfr les titres "At Least Buy Me A Hamster", "The Pony") ?
Dominique (Vancap) :
Comme je l'ai expliqué précédemment, les animaux sont de grands amis d'enfance, surtout les poneys et les cochons d'Inde !

Votre bio cite les influences (on imagine revendiquées) des PIXIES, BLONDE REDHEAD ou même de groupes plus durs comme NEUROSIS, FUGAZI et THE TRAIL OF DEAD.  Sont-ils des groupes que vous écoutez tous et quelles sont vos autres sources d'intérêts musicales ?
Raphaël (Rastelli) :
A vrai dire, si on cite des références musicales c'est parce qu'il faut bien donner une idée à ceux qui ne nous ont pas entendus mais, en fait, on essaie plutôt de se distancier dans les compos de nos propres références.  Maintenant, dans le groupe, je ne suis même pas certain que chacun(e) sache vraiment ce que les autres aiment musicalement et c'est encore mieux ainsi.  Personne ne vient avec une idée préconçue de comment on devrait sonner.  C'est une pure question d'instinct "j'aime/j'aime pas", même si cet instinct est probablement le fruit de nos cultures musicales respectives.  En tout cas, on ne cherche pas trop à l'analyser.

NAIFU semble en fait s'écrire en minuscules (naifu) : est-ce une question d'humilité et/ou est-ce dû  à l'origine asiatique du mot ?
Raphaël (Rastelli) :
C'est lié à la signification du mot : un simple couteau, pas Excalibur.  Et puis, graphiquement, c'est plus joli.

Il y a eu récemment cette mini-tournée de quatre dates bruxelloises, le "Nothing To Sell" tour.  De quoi sera constitué la suite au niveau des concerts ?
Dominique (Vancap) :
Le 26/02/2005, nous jouerons dans le cadre d'une soirée Rarefish, le collectif dont nous faisons partie, sur la Péniche Fulmar, avec nos consoeurs de SLEEPY LILI, SIMPLESONGS (un singer-songwriter anversois d'une intensité incroyable) et DAVID SMITH VOLTRI  (le projet solo de Thomas Bartosik, le fondateur de Rarefish).  Nous participerons également à l'affiche Undercurrent à Anvers le 11/03/2005 (lieu et affiche à préciser, voir www.undercurrent.be pour plus de précisions).

Vous avez actuellement assez de matière pour constituer un album complet : qu'en est-il de votre recherche de label pour en sortir un premier ?
Raphaël (Rastelli) :
On a commencé à démarcher vers quelques labels mais ce ne sont que des premiers contacts, alors on préfère ne pas en parler pour le moment. Si un label est intéressé, il est invité à nous contacter.

Cette interview, réalisée par e-mail, a été finalisée le 07/12/2004.  Merci à Dominique, Raphaël et NAIFU !

"Three Ladybirds And A Big Cockroach" (Juillet 2003) et "A Bit Of A Naughty Pony" (été 2004) sont ces deux très belles et premières démos (hors-commerce), de quatre titres chacune, réalisées et enregistrées par NAIFU au studio Dame Blanche (Bruxelles).  Le groupe nous y dévoile un excellent aperçu de son univers et surtout, une très bonne idée de la manière dont devrait pouvoir sonner leur tout premier album qui, croisons les doigts, verra le jour très vite.  Ce qui frappe de prime abord à l’écoute, c’est la grande qualité de l’ensemble : les compositions sont très homogènes et construites de façon à bien faire ressortir chaque instrument et la voix de
manière égale.  Sur certains titres, la guitare de Raphaël Rastelli prend même des allures presque "grunge", l’intensité de la musique étant tempérée par la voix mélodieuse et parfois faussement douceâtre de Dominique Van Cappellen.  Notons également la présence d’un violon, joué par la batteuse Cécile Gonay, aux lignes mélodiques imparables (ainsi sur le très puissant "At Least, Buy Me A Hamster" qui ouvre la seconde plaque).  Le tout est vraiment très présentable et doit pouvoir attirer sans peine l’attention des professionnels intéressés et avisés.  Let’s rock !!!

"Three Ladybirds And A Big Cockroach" (2003)
"A Bit Of A Naughty Pony" (2004) - Autoproduits @ Dame Blanche (Bruxelles)

Des adresses :
naifu : http://naifu.free.fr
RareFish :
http://www.rarefish.be
Undercurrent :
http://www.undercurrent.be
Péniche Fulmar : 22, Quai aux Péniches, 1000 Bruxelles

 

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