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LES INTERVIEWS

02/042005 : HOOD
Rhâââ Lovely Festival - Cortil Wodon (B)
Interview réalisée par François GUSTIN et Nicole LAPASIN

Ça fait un certain temps que Hood existe maintenant. As-tu l’impression que Outside Closer est une sorte de synthèse de tout ce que vous avez fait jusqu’à maintenant ?

Je crois que quelque part il englobe l’histoire du groupe. On retrouve une bonne partie de l’écriture sur d’autres albums et il rassemble un grand nombre de nos idées. Il est moins comme notre ancien album qui se dirigeait plus vers l’electronica, donc je pense que ça a changé. Je ne sais pas, je pense que c’est une bonne vue d’ensemble de tout ce qu’un groupe peut faire en un album… enfin je l’espère. On a essayé de reprendre tout ce qu’on avait fait et d’en faire une espèce de déclaration d’intention.


Était-ce clair dès le départ que cet album serait plus accessible que les précédents ? C’est un disque assez pop.

Oui, effectivement. Il est relativement accessible. Je crois que nous sommes arrivés à un stade où on s’est dit qu’on avait fait assez de trucs difficiles. En fait, ça nous a beaucoup plu de sortir des albums difficilement accessibles. Après, tu as le choix : soit tu décides de continuer dans la même voie, ou d’expérimenter encore plus, soit tu décides d’inverser la tendance. On s’est demandé si ça valait vraiment la peine de continuer à produire inlassablement des disques difficiles, et en même temps les chansons qu’on a produites au moment de faire l’album semblaient être plus accessibles.


C’est donc un album plus mature ?

Oui c’est ça. En fait, ça peut paraître bizarre quand tu ne fais pas partie d’un groupe, mais on a envie de faire des albums auxquels les gens peuvent toujours se rapporter. Et comme je l’ai dit, on ne voulait plus faire un album difficile. Les chansons sont venues comme ça et il y en avait qui étaient clairement plus pop. De toutes façons je ne crois pas que ce soit commercial non plus. Ça demande toujours un effort pour rentrer dedans. 


Vous assimilez des influences très diverses allant de l’électro au post-rock en passant par le hip-hop, comment faites-vous pour décider de la direction à prendre ?

On voit ça ensemble, ça se fait tout seul. On a plutôt tendance à ne pas partir d’idées préconçues à propos de comment va être un album. On produit notre musique naturellement et quand un morceau nous plaît, il acquiert un autre statut et il devient une chanson à part entière. Il n’y a pas vraiment de conception préalable, on prend une certaine direction pendant un certain temps et on voit où ça nous mène au lieu de réfléchir vraiment à ce qu’on va faire.


Est-ce que vous avez l’impression que les gens peuvent faire de votre musique quelque chose de très personnel, qu’ils sont libre de l’interpréter comme bon leur semble et qu’ils peuvent vraiment rentrer loin dedans ?

Oui, je l’espère. C’est ce que la musique m’apporte. Parfois ça m’inquiète, j’ai l’impression que ça devient trop personnel et que ça ne signifiera pas grand chose pour les gens. En tout cas les gens semblent avoir des expériences totalement différentes avec notre musique, ce qui est vraiment génial. Certains nous disent que c’est vraiment triste, d’autres non… Ce qu’on fait est totalement ouvert, la personne qui écoute notre musique y prend ce qu’elle veut, c’est pour ça qu’on imprime pas les paroles. On ne donne pas l’explication qu’il y a derrière les chansons qui traitent d’amour. Chacun interprète comme il le veut. Et puis pour certaines chansons il y a encore des choses que j’aimerais bien comprendre (rires).


Ça peut paraître banal mais qu’est-ce que ça fait de savoir que vous faites vraiment partie de la vie de certaines personnes ?

Ça fait du bien. C’est l’autre dimension qu’implique le fait d’être dans un groupe et qu’on oublie assez facilement parce qu’on ne cesse de se dire qu’on doit faire la meilleure musique possible. On oublie parfois cet aspect, que c’est important pour les gens. Je pense que ça nous pousse à nous dépasser justement parce qu’on sait qu’il y a des gens qui nous écoutent. Ça m’étonnera toujours. Par exemple la dernière fois qu’on est allé aux Etats-Unis, on s’est rendu compte que des gens achetaient nos albums depuis des années et que ça représentait vraiment quelque chose pour eux. Surtout quand on sait que l’industrie du disque est assez cynique. C’est incroyable que les gens continuent à nous écouter. Aujourd’hui la plupart des groupes sont bien chanceux de sortir un album et se plantent lamentablement sur le deuxième (rires)… C’est bien de savoir que les gens nous suivent dans ce qu’on essaie de faire.


Es-tu obsédé par les cycles et le temps ?

Oui, absolument ! J’aimerais savoir pourquoi. Je ferais bien d’aller chez le psy et qu’il me dise directement à quoi c’est dû (rires). Je ne sais pas, prends par exemple Andy Warhol. Il documentait tout ce qui passait entre ses mains avec obsession… La peur de mourir, je suppose. Je ne sais pas vraiment d’où ça vient. C’est aussi le fait de se demander ce que tu peux faire du temps qui t’est imparti.


J’ai toujours aimé écouter Hood pendant les longs trajets en voiture ou en train, surtout Cold House. Est-ce que tu y vois une explication ?

Je ne sais pas. Peut-être que ça te force à écouter en profondeur. Tu n’as pas vraiment d’autres alternatives, tu as à juste à rester assis et à écouter la musique en regardant le paysage défiler. Ça t’amène peut-être à remarquer des choses qui passeraient inaperçues si tu étais en train de lire par exemple, ou de mettre ta musique en fond sonore. Enfin, je n’ai aucune idée des conditions dans lesquelles les gens écoutent notre musique. En ce qui nous concerne, pendant cette tournée, on a beaucoup aimé écouter de la musique dans le van. Je crois que c’est une bonne expérience d’écoute de manière générale. Tu n’as d’autre stimulus que celui de regarder ce qui se passe par la fenêtre.


Comment s’est passée votre collaboration avec Dose One et Why ? d’Anticon ?

C’était génial. Dose One a fait toutes ses parties à Vancouver et Yoni Wolf à San Francisco. Ils nous ont envoyé des CD, on leur a renvoyé des CD et on a communiqué par mail. On ne les avait même pas encore rencontré à l’époque. C’était vraiment bien de collaborer avec eux.


En tout cas ça a apporté quelque chose d’incroyable à Cold House.

Oui, c’est arrivé au bon moment. C’est une idée qu’on a eue un peu au pied levé et elle s’est avérée excellente. Je sais qu’il y a eu d’autres collaborations du même genre soudainement (rires)… Ça veut dire que ça a touché des gens de manière intéressante. Mais c’est arrivé totalement naturellement. La seule raison apparente c’est qu’on aime ce qu’ils font et vice versa.


C’est peut-être un peu un coup de chance ou du destin non ?

Oui c’est vraiment de la chance car on était en train de porter la dernière main à Cold House quand ils nous ont envoyé un 10’’ de Clouddead. On s’est dit, waouw, c’est quoi ces voix ? On a pensé que ça serait parfait pour certains morceaux sur lesquels on bossait. Ils ont vraiment fait quelque chose de très important pour nous.

Vous ne vivez pas de votre musique. Vous avez tous des jobs à temps partiel. Est-ce que ça vous convient ?

Je ne sais jamais quoi répondre quand on nous pose cette question. Il y a beaucoup de choses que je n’aime pas dans l’industrie du disque et… En fait, j’ai lâché mon boulot pendant 6 mois parce qu’on était en tournée, et que donc je peux le justifier… Je pense que s’il y a quelque chose qui fait qu’on est toujours là après si longtemps c’est le fait qu’on a un équilibre entre nos jobs et la musique… Je pense que ça a des répercussions sur le groupe dans un certain sens, comme par exemple, on a jamais eu à se dire : Oh mon dieu !, il faut qu’on ponde un album dans les six mois parce qu’on a besoin d’argent. Ça ne marche pas comme ça. Ça nous permet d’utiliser le groupe comme quelque chose qu’on peut explorer, pour passer du bon temps et expérimenter.


Qu’est-ce que vous pensez de ce festival ? Un coin isolé dans la campagne, sans Clear Channel…

Je trouve ça génial. Je pense qu’on devrait avoir plus de festivals comme ça. C’est stimulant pour les groupes de jouer dans ce genre de cadre. On a beaucoup polémiqué autour de Clear Channel… En tant que groupe, ça arrive de se retrouver dans une position difficile où on n’a pas du tout de dates de concerts et ça peut même devenir terriblement désespérant pour certains. Mais l’alternative bien sûr c’est les gens motivés qui se bougent pour te faire jouer, comme ici. Oui, je suis content que ça se passe ici et oui je suis content que ce soit sans Clear Channel. Ça a réellement l’air d’être un endroit créatif et agréable, c’est tout à fait motivant.

'Outside Closer' (01/2005)

> liens officiels
www.hoodmusic.net

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